Test le texte #1 Booba "Salade, tomate, oignons"

Publié le par cestcequedisaientlesnazis

 

Bon bah ca y est, on arrive aux choses sérieuses. Finies les photos marrantes et les vidéos à la con. On attaque l'analyse de chansons de rap dans cette chrnoique intitulée "Test le texte". Si si la famille... Et pour commencer en beauté, on sort les Uzi et la Kalash pour le "Boss du rap game", j'ai nommé BoobaOui, je sais "Booba c'est pas un vrai rappeur", "Ses sons sont tout pourris et il a le flow de Vincent Delerm". Néanmoins, c'est le rappeur qui vend le plus de disques, d'où la primeur de cette chronique. Allez, on range l'argumentaire bas de plafond et on écoute Mr "Saddam Haut d'Seine" nous prodiguer les biens faits de la cuisine turque dans son opus sorti en 2008 "0.9" :

 

 

 

 

 

J'vous mets les lyrics, histoire de bien comprendre la puissance poétique de la chanson :

Booba Ft D'jé "Salade, tomate, oignons" :


Booba:

Au Pays de l'argent facile combien sont morts en chemin ?

Fuck Les APL, les transports en commun

Poudre à canon dans les poumons

J'crache,les MCs Pètent les plombs

J'marche seul avec mon Uzi Man, 9.2 Izi1 Man...

Gros numéro 10, avant qu'Iblis2 ne me choisisse

Prie pour que les rivières du Stix se refroidissent

J'descends au Ritz tu baisses ta grosse à l'hotel Ibis

Flow Testa Rossa3, j'suis pas laise-ba grâce aux graphistes

J'tencule, j'fais la re-sta,

Zarma-ni4 dernières pe-sa,

T'en oublie que je rappe mieux qu'toi, tu regardes que ça

Faudra me couper la langue pour que je crache

Personne ne vend plus que wam à ce que je sache

Alors restez tranquille, je pars aux Bahamas

J'te laisse donc crever ta race sur la banquise

Suffit d'une phase pour les réduire en purée

Tu sais pas qui je suis ? Google-moi enculé !

 

Refrain (x2):

tu veux prendre des risques ? tu veux faire du cash

Faire dans l'illicite, avoir de grosses liasses 

Mais pour faire des millions c'est d'plus en plus dur

Salade tomates oignons à vie, c'est de plus en plus sûr

 

Djé:

Le sang s'repand comme une trainée de poudre

C'est elle que l'on fait jacasser

Rarement à court, des cloisons, des crânes fracassés

Avide de tabasser, [un "brul" très âgé

Ma côte en hausse, ma côte en hausse comme les 2 plus âgés

Sans visa du voyage, on n'sent de ton visage la volaille en vis a vis on reste que dans le

paysage]

De massacre en tumeur, [massacrant d'clume] que de thunes

On est dans le crâne comme une putain de tumeur

Quand on crève que dans le noir, on voit cette putain de lueur

Complètement schnouffés5 sont tes potes ce n'est pas une putain de rumeur

C'est elle que l'on recèle, fais gonfler la recette

9.2, 0.96 ça shlingue le kerozen

Blanches demoiselles, le profit reste détaxé

Les moeurs déplacés au profit des desaxés

Tu t'chies dessus serait-ce la frousse ou le manicol7 ?

Ressens la foudre, son de la brousse

Hauts de Seine école

 

Refrain (x2) :


Booba :

 

T'as travaillé pour c'bled ta vie entière

Tu as cru bien faire, donne moi la mains d'ta fille vieux con

J'vais vous sortir de la misère

Un vrai duc, un vrai baron, violent depuis les couilles du daron

J'rentre chez le concessionnaire, basket casquette a l'envers

De Boulogne, Colombe, Asnières

G-gen8 à Nanterre

J'suis pas dans l'bling bling, enculé j'suis diamantaire

Plein d'haine comme les rayures sur ma portière

Payé comme au golf, deux putes m'attendent sur le sofa

Dehors ma limousine, troisième pute suce le chauffeur

 

J'parle tout le temps de biff, car ici bas rien est offert

Substances illicites frère, paye les faux-frais

Ceux qui me connaissent savent que ma place est dans la fausse aux lions

Harissa mayonnaise poto, salades tomates Oignons

Medi Med9 a la sono, serre moi mon jack10 dans un sceau d'eau Mc

J'tencule en chantant do re mi fa sol, la sodomie !

 

Refrain (x2)

 

Traduction trouvée sur le Net et remodifiée à l'oreille, d'où les passages entre crochets quand c'est un peu tendu à comprendre.

 

C'est vrai que c'est pas le son du millénaire mais bon, l'instru est correcte (merci Haze) et on a connu pire dans le rap :

 

 

 

 

Déjà, on va éclaircir les allusions hermétiques (les mots avec les astérisques) :

1 9.2 Izi : le surnom du collectif de rappeurs issus des hauts de Seine (le 92) et dont fait partie Booba, 92I.

2 Iblis : Equivalent coranique de Satan.

3 Testarossa : Voiture mythique du constructeur Ferrari.

4 Zarma-ni : Contraction stylistique de "Zarma" mot arabe signifiant "genre" (ironique) et "Armani", la fameuse marque italienne de vêtements.

5 schnouffés : drogués.

6 0.9 : C'est la qualité d'une cocaïne pure à 90%. Titre de l'album de Booba dont est extrait la présente chanson. 

7 Manicol : Médicament contre la constipation.

8 G-gen : Surnom de Gennevilliers, commune des Hauts de seine.

9 Medi Med : Nom du Dj de Booba.

10 Jack : Diminutif de Jack Daniels, la marque de Whisky préférée de Booba.

 

Du coup, ça devient plus compréhensible, même pour les néophytes. Au moins, on a une idée du sujet : la réussite sociale. Mais pas n'importe laquelle, celle qui passe par l'argent. Mais pas n'importe lequel, celui des trafics illicites. Quoi? Encore un gansta-rappeur qui fait l'apologie du crime, me direz-vous ? Pas uniquement.

Reprenons couplet par couplet.

 

Dès les premières phrases, Booba rappelle que le chemin vers la sécurité financière est souvent meurtrier tout en refusant de se faire assister par l'Etat. Quitte à éliminer ses rivaux, il faut toujours avancer pour être le meilleur. Une fois arrivé au top niveau, comme Booba, la jalousie des autres est vaine voire pathétique. D'où l'amusement de ce dernier vis-à-vis des envieux qui, quoi qu'ils fassent, ne lui arriveront jamais à la cheville. Et si jamais, on sait pas qui c'est Booba, on est bien con !


Le refrain prévient que ce style de vie n'est plus ce qu'il était et que désormais, si on a peur de ne pas arriver, mieux vaut opter pour des objectifs plus proches de la middle class qui affectionne tout particulièrement le Kebab. Cependant, c'est le Kebab complet, celui avec "salade, tomate, oignons", c'est important.


Ensuite c'est Djé, l'acolyte de Booba qui prend le relais pour nous mettre en garde : ceux qui veulent détrôner Booba et son crew risquent de s'en mordre les doigts. Et d'étayer son propos par des menaces envers ceux qui auraient tout de même l'outrecuidance d'insister. Finalement, le rappeur rappelle qu'ils vendent de la drogue et qu'ils sont violents. Par conséquent, les jaloux ne devraient pas faire les malins.


Dans le 3ème et dernier couplet, Booba propose son aide à un nécessiteux en contre-partie de son consentement pour l'union de sa fille avec Booba. Il explique que ce deal vaut vraiment le coup car le rappeur est quelqu'un de très généreux avec ses proches. Pour prouver ce qu'il énonce, il énumère les villes des Hauts de Seine dans lesquelles il est accueilli comme un prince (du fait notamment de son parc automobile). Néanmoins, Booba tient à être précis : il n'est pas un parvenu. C'est quelqu'un qui a travaillé dur pour y arriver (même si ce n'est pas dans la légalité) et par conséquent, les injustes dégradations faites à l'encontre de ses voitures ne sont pas excusables. Puis, il explique pourquoi l'argent n'obnubile tant : la vie est chère, surtout quand on a des relations monnayées avec des travailleuses du sexe à l'arrière d'une limousine et qu'il faut, en sus, pourvoir aux besoins sexuels du chauffeur. En guise de conclusion, Booba revient à son idée première: c'est un champion qui remet perpétuellement son titre en jeu mais sans challengers valables. Ces derniers étant finalement ses avoués soumis aux moindres désirs (alcooliques, sexuels) du "Boss du Rap game".


 

Sans entrer dans une étude des champs lexicaux en présence (sexe, argent, puissance, pouvoir), on voit clairement que Booba privilégie des thèmes néo-libéraux que Sarah Palin pourrait aisément reprendre. Aux travers de figures de style variées, dont la fameuse "Métagore" qu'il a plus ou moins créée, Boulbi, comme il se surnomme, met en avant sa vision de l'existence, suite ininterrompue de combats et de tests virils qui n'ont rien à envier aux Spartiates. L'homme, comme le prédateur, doit se construire par la violence, la suprématie et l'auto-sufficance. Les autres (tous masculins forcément) ne sont que des rivaux, des menaces plus ou moins nuisibles qu'il est impératif soit d'éradiquer, soit de soumettre.


En faisant intervenir un autre rappeur, Booba montre qu'il sait aussi faire confiance, mais seulement à ses plus proches amis, ses semblables. A l'instar d'une meute, 9.2I garantit à ses membres la sécurité en cas de problème, ce qui n'est pas prêt de se produire, puisqu'ils sont les meilleurs. Un filin de sécurité donc, caché sous des tonnes de testostérone de muscles abondamment exhibés à longueur de lyrics.


Cette obsession pour le self made man à l'américaine à qui tout réussit, Booba la revendique haut et fort, en faisant même sa devise, son leitmotiv : "Pourquoi vivre, si c'est pour toucher le smic?". La fin justifie les moyens. Et Booba prend le Kebab pour illustrer son propos, le fameux "salade, tomate, oignons". Emblème de la cuisine du "tié-kar", ce plat est le quotidien, la routine du jeune du "ter-ter", le territoire dans le langage de la banlieue. Pas exclusivement bien sûr, mais c'est le symbole d'une culture et d'un mode de vie prédominant chez les jeunes "galériens", dont est issu Booba.


Résumé de sa vie antérieure, le Kebab est fait pour les gens qui n'ont pas d'ambition, ceux qui préfèrent les miettes plutôt que leur part du gâteau, les pigeons quoi. C'est donc l'antithèse de Booba, qui a force de persévérer, a goûté autre chose. La faim justifie les moyens. Mais bien qu'il apprécie le luxe et la vie facile, Boulbi ne renie pas son histoire qui a fait ce qu'il est maintenant, à savoir un entrepreneur musical à succès.


Conclusion de cette analyse succincte : Booba est américain. En tous cas, il aimerait l'être. Se faire tout seul, asseoir son pouvoir, dominer les autres, chercher son bonheur personnel... autant de rêves qui sont le socle idéologique des Etats-Unis et que "la vieille Europe" tente de combattre. Pourquoi ne part-il alors? Il le fait. Il vit la moitié de l'année aux USA et revient pour vendre ses disques en France où son public est. Ce public qui continue à acheter ses disques et à voir en Booba, un modèle de réussite malgré le mépris que le "Boss du Rap game" a pour lui. Paradoxe quand tu nous tiens...

Bien plus que le simple "artiste musical", Booba est un politicien qui ne fait pas de politique, un démagogue de haut vol qui donne aux générations droguées à la hyper-consommation ce qu'elles veulent entendre : "Tout, tout de suite, maintenant", la rime crue en plus.

Publié dans Test le texte

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C
<br /> à moins et, cela reste possible, que les moines copistes chargés de la transmission des boobismes ne se soient forurvoyé en cours de chemin.<br /> <br /> <br />
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C
<br /> booba à la rescousse de darwin<br /> <br /> la "fausse" aux lions: Je vois là une preuve parmis tant d'autre de l'érudition du lyriciste.<br /> se permettre en deux temps quatre syllabes une violente charge contre la conception monothéiste du martyr n'est pas à la portée du premier soprano venu.<br /> <br /> j'insiste sur le monothéisme en général car si de prime abord on pourrait croire la pique destinée uniquement au monde chrétien, l'appétance particulièe de booba pour ses amies les putes ne<br /> laissent par la suite aucun doute pour la place que tiennent dans son coeur de B boy les vierges de tout poils.<br /> <br /> "fausse au lyon" ou comment au moyen d'une imparable métamétaphore crier à la face du monde abasourdie la fumisterie des écritures.<br /> <br /> On oublie trop souvent que notre gangsta de miami sur eure a eu mail(le) à partir avec les tenants du desseins intelligent qui s'ils avaient l'idée de traduire cette ode à la vie qu'est salade<br /> tomate oignon ne pourrait que pleurer leur mère en comptant les powned sur leurs murs facebook.<br /> <br /> <br />
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